Raphael Boussageon

Raphael Boussageon

"Services rendus par les microorganismes du sol pour l’amélioration de la nutrition phosphatée des plantes »

Soutenue le 15 décembre 2022

Résumé:

A partir de la première révolution verte, les pratiques agricoles ont reposé sur l'utilisation massive d'engrais de synthèse et de produits phytosanitaires. Depuis lors, la consommation mondiale d'engrais phosphatés a plus que triplé, pour atteindre 47 millions de tonnes en 2019. Les projections actuelles estiment que les stocks de roches phosphatées (ressources naturelles en phosphore pour la production d'engrais) pourraient être épuisées au cours du siècle prochain, ce qui nous amène à modifier nos pratiques agricoles. Dans les sols, le P est principalement présent sous des formes complexées qui ne sont pas facilement accessibles aux plantes. Pour réduire l'utilisation d'engrais phosphatés, il est nécessaire de rendre ce phosphate complexé accessible aux plantes. Cela peut se faire grâce à des microorganismes bénéfiques tels que les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA) et les rhizobactéries favorisant la croissance des plantes (RFCP). Ces micro-organismes du sol présentent un intérêt croissant en tant que fournisseurs de services agro-écosystémiques qui peuvent maintenir la productivité et la qualité des cultures tout en réduisant les apports d'engrais synthétiques. L'objectif principal de la thèse était d'étudier, en utilisant la pomme de terre comme plante agronomique d'intérêt, la valorisation potentielle des associations CMA et RFCP pour la croissance et la nutrition des plantes tout en limitant les apports de P. Dans un premier temps, nous avons développé des biotests pour caractériser et sélectionner des bactéries ayant des capacités de stimulation de la croissance des plantes et pouvant interagir avec les CMA. Biotests que nous avons testés sur une collection de Premier Tech composée de 26 isolats bactériens. À partir de ces tests, nous avons développé un consortium bactérien à partir de la collection susmentionnée que nous avons inoculé en serre sur des pommes de terre plantées dans des pots contenant du sol agricole. Nous avons pu observer que l'inoculation du consortium améliorait la nutrition phosphatée et le rendement en tubercules de la plante ainsi que le taux de colonisation par les CMA indigènes. En parallèle, nous avons mené un essai en champ dans lequel nous avons testé l'effet de l'inoculation des CMA sur différents cultivars de pommes de terre. Nos résultats suggèrent que l'apport de l'inoculation dépend fortement du cultivar. Il est à noter que l'inoculation, qu'elle soit effectuée au champ ou en conditions contrôlées, n'a pas modifié les communautés microbiennes indigènes.